La résistance, petite et grande

Un homme en chapeau mou et long manteau sous une lumière rouge, l’image même du résistant de l’ombre. Autour de lui, des costumes accrochés à des chaînes, comme des corps pendus. Tout au long de « Résister c’est exister », François Bourcier les endossera l’un après l’autre pour ressusciter ces cadavres, qui retourneront vite à la mort, fusillés pour la plupart sur la chaussée ou dans une cave.
Mais il donne à chacun le temps d’accomplir le petit acte de résistance qui fera partie de la Grande : le gendarme qui avertit un gamin juif du danger qu’il y a à répondre « Les vrais ou les faux ? » à une demande de papiers, la maîtresse d’un officier allemand qui entretient chez lui des doutes sur la fidélité de sa femme restée à la ferme, le proviseur qui transforme un salut milicien en geste obscène.
L’acteur réussit l’exploit de faire rire la salle sans jamais rire de ces petits résistants. Séance d’auto-satisfaction alors, ce retour sur un passé honorable et lointain ? A la fin, il apostrophe les spectateurs sur la date de la rentrée prochaine. Pourquoi ? Mais pour organiser la résistance contre la traque aux sans-papiers avec des enfants à l’école. Assimiler cette campagne à la lutte anti-nazi ? Non, montrer que l’existence ne vaut que si l’on résiste à l’injustice, d’où qu’elle vienne.

François Bourcier revient à lui après le spectacle.

Denis Mahaffey, l’Union 27/05/09

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