« Coupure à vue »

Il fallait le vocabulaire bien vissé dans le cerveau pour sortir indemne du spectacle « Coupure à vue » donné par la compagnie Alis de Pierre Fourny. Sans cela, la gymnastique des mots qui jouent dans ce spectacle pourrait faire craindre à un distrait que les mots ne sont pas plus prosaïques que la musique, et qu’il subit les premiers assauts de la démence langagière.
Le propos est de découvrir la vie autonome et cachée des mots, que les trois acteurs entreprennent en les coupant en deux – horizontalement, c’est tout le secret. C’est présenté par une conférencière singulièrement pédante, mais si sérieuse qu’il faut un moment pour y entendre, non pas la sémiotique que une loufoquerie.
Vaguelettes lumineuses
Une anecdote à la « Code da Vinci » révèle la vérité que cherche à cacher le « vase de Soissons », puis jongle les demi-lettres pour en faire « urne de salopard ».
L’exubérance alphabétique contraste avec l’espace scénique obscur, les costumes noirs, la retenue du jeu d’acteur. Le comique flamboie d’autant plus dans ce cadre sobre.
Il y a des moments d’intense beauté scénique, comme lorsque des lignes horizontales de lumière se déplacent de haut en bas sur la scène, interrompues par des corps et des voiles qui créent des courbes, vaguelettes lumineuses sans fin.

Maud Bouchat, comédienne d’Alis, répond aux questions après le spectacle.

Denis Mahaffey, l’Union 24/05/09

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